Né en 1949 à Paris, Michaël Levinas a reçu l’enseignement très classique et exigeant du CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique) de Paris, menant de front des études de piano, la fameuse classe d’accompagnement, la direction d’orchestre et les classes d’écritures. C’est au sein de cet établissement qu’il rencontre les maîtres qui l’ont le plus marqué : les pianistes Vlado Perlemuter et Yvonne Lefébure, mais aussi Yvonne Loriod et Olivier Messiaen. Parallèlement à ses études classiques au CNSM, sa formation musicale bénéficie dès l’enfance d’une autre tradition musicale : celle de l’école russe dont sa mère, la pianiste Raïssa Lévy, fut dépositaire. Nommé pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, dirigée alors par le peintre Balthus, une autre de ses grandes rencontres, il crée en 1973 avec ses camarades de la célèbre classe Messiaen (Tristan Murail et Gérard Grisey) l’ensemble Itinéraire, qu’il dirigera et présidera durant une longue période. Entre ses premières œuvres – Arsis et Thésis (1971), Clov et Hamm (1973), Appels (1974), Ouverture pour une fête étrange (1979), Froissements d’ailes (1975), Concerto pour un piano espace (1977-1981) – en passant par ces grandes œuvres pour orchestre que sont La Cloche fêlée (1988), Par-delà (1994), Evanoui (2009) ou Amphithéâtre (2012), Michaël Levinas est, de par sa connaissance approfondie de l’acoustique et des environnements technologiques, un pionnier quant au renouvellement de l’écriture instrumentale et de l’élargissement de la palette sonore. Ses œuvres pour ensemble, orchestre et soliste sont créées et reprises par les ensembles, festivals et institutions les plus prestigieux en France et à l’étranger : Festival de Donaueschingen, Rencontres Internationales de Darmstadt, IRCAM, Cité de la musique, Ensemble Intercontemporain, Ensemble Ictus, Ensemble Itinéraire, Klang Forum, Le Balcon, Radio France, Multilatérales, Biennale de Venise… Ajoutons que dans le paysage musical contemporain, ce qui caractérise Michaël Levinas est une écriture dramaturgique, un rapport privilégié au texte, au théâtre et à la scène – héritage de son père, le philosophe Emmanuel Levinas, qui lui a transmis le goût des langues, de la pensée et de l’écriture. Il s’est de fait affirmé comme un compositeur d’opéras et a reçu des commandes de scènes européennes importantes. Depuis La Conférence des oiseaux (1985), quatre grandes œuvres lyriques ont vu le jour, toutes créées dans de grands théâtres européens : Go-gol (1996), d’après Le Manteau, nouvelle de Gogol, Les Nègres sur le texte de Jean Genêt (2004), La Métamorphose (2010) d’après le récit de Kafka, et Le Petit Prince (2014), première adaptation pour la scène lyrique en langue française du célèbre texte de Saint-Exupéry, commande conjointe des opéras de Lausanne et de Lille créée dans ces deux salles ainsi qu’au Grand Théâtre de Genève et au Châtelet à Paris. Enfin, la Passion selon Marc – une passion après Auschwitz, commande de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud pour les 500 ans de la Réforme, a été créée le 12 avril 2017 à l’Église Saint-François de Lausanne.
En tant que pianiste, la riche discographie de Michaël Levinas – de Bach à Boulez – a été jalonnée d’enregistrements remarqués par la critique ; citons notamment son tout premier disque consacré à Schumann, l’intégrale des Sonates de Beethoven, Le Clavier bien tempéré de Bach, l’intégrale des Études de Scriabine et le CD “Double face” Levinas/Ligeti. Professeur au CNSM de Paris, Michaël Levinas a été invité à enseigner la composition dans certaines des plus prestigieuses académies de composition, notamment les cours d’été de Darmstadt, le séminaire de Royaumont et l’École Supérieure de Musique de Catalogne (ESMUC) à Barcelone. Membre de l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France, il est Chevalier de la Légion d’Honneur et Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.
© Franck Ferville